Le “TU” qui TUE

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Bien communiquer, c’est savoir écouter et savoir parler de soi; savoir exprimer les sentiments qu’une situation crée en nous. Communiquer c’est encore rester centré sur soi, sur ses émotions. C’est aussi s’efforcer de ne pas culpabiliser l’autre et en même temps de s’ouvrir à lui.

Lorsque je parle de moi, je dois m’efforcer de ne pas accuser, mais au contraire informer; en effet, quand je dis “tu”, ce tu accuse, il déstabilise, il fait naître un sentiment d’insécurité, il éloigne la confiance. Celui à qui je parle sera peut-être amené à douter de mes sentiments pour lui, et préférera éventuellement s’éloigner de moi.

Le tu sépare.
Le tu juge sans demander confirmation, sans chercher à vérifier, sans imaginer qu’il y a peut-être malentendu parce qu’on a mal compris.
Le tu n’est pas bienveillant, il ne connaît pas l’empathie.
Le tu fige le dialogue, le bloque; chacun reste dans son rôle: accusateur et accusé. Le dialogue est rompu.
Le tu part du principe « j’ai raison et tu as tort »

Nous vous proposons une série de situations accompagnées des messages tu et je, avec, entre parenthèses, les raisons pour lesquelles ils sont des obstacles à la communication ou au contraire, en quoi ils sont appropriés.

Exemples de situations

Situation 1
Votre mari vous téléphone vers 18h pour vous avertir qu’il part de son travail et rentre à la maison. Il arrive avec plus de 2 heures de retard après son travail. Vous vous êtes inquiétée. Vous avez même pu téléphoner aux urgences et au commissariat.

Message « tu »
Comment oses tu rentrer avec 2 h de retard! J’en ai assez de tes salades! Tu ne pouvais pas prévenir? (reproches). Le téléphone tu connais pas? (sarcasme). Tu m’as prise pour quoi exactement? Ose encore une fois me refaire ça, et … (menaces )

Message « je »
Je suis extrêmement en colère après toi (je fais part de mes émotions, même négatives).
Je me suis rarement inquiétée comme aujourd’hui, j’imaginais le pire, j’ai téléphoné partout pour savoir s’il ne t’était pas arrivé quelque chose de grave (je n’hésite pas à montrer à mon mari mes sentiments et ma fragilité).

Je suis bouleversée à l’idée que tu n’aies pas téléphoné pour m’avertir que tu aurais tant de retard (je montre mon niveau de tolérance clairement). J’ai besoin d’entendre ton explication (je lance la balle de son côté, ce qui montre que le dialogue reste néanmoins ouvert et que mon état d’esprit peut éventuellement changer).

Situation 2

Vous n’avez pas téléphoné à vos parents depuis 3 semaines. Vous n’êtes en général pas très disert au téléphone, mais cette fois, en plus, vous avez été débordé. Trois semaines, c’est long: vous vous décidez à appeler. Votre mère vous répond. Le ton est froid, distant, elle ne parle pas beaucoup.

Elle finit par vous dire que si vous téléphonez si peu, c’est sans doute qu’elle n’est pas si importante pour vous. Elle conclut en disant que tout compte fait, il n’y a pas à attendre grand chose des enfants, qu’elle ferait d’ailleurs mieux d’apprendre à se passer de vous, et de vos enfants par la même occasion. Vous réagissez.

Message « tu »

  • Décidément, tu es toujours aussi cinglante, comme quand j’étais gamin (allusions aux vieux dossiers non résolus).
  • Trouver des excuses aux autres, ça, tu sais pas, hein? (reproches).
  • Ça te vient pas à l’idée qu’il me soit arrivé quelque chose (mensonges, tentative de culpabilisation).
  • Et pourquoi ça devrait être toujours moi qui appelle?
  • Tu peux pas décrocher le téléphone? (tentative de retourner la situation).
  • Chez mes amis, c’est 50/ 50: les parents téléphonent autant que les enfants; ils ne sont pas à faire des comptes sans arrêt (comparer, parler des autres, sortir du sujet).
  • C’est toi qui provoques ces situations (accusation).
  • Continue comme ça … (menaces).

Message « je »

  • Écoute c’est vrai que ça fait longtemps que je ne vous ai pas appelé (je cite les faits); je comprends vraiment que cela vous fait de la peine (décrire les émotions ) et que l’on pourrait imaginer que ce soit une preuve d’indifférence (feed back).
  • Mais tu sais que je n’aime pas téléphoner, et que je n’ai pas grand chose à raconter (expliquer comment vous fonctionnez). De plus j’étais vraiment débordé ces derniers temps (informer).
  • Je vois que je vous êtes désemparé par mon attitude, et je m’en excuse (reconnaître et s’excuser). J’essaierai d’appeler plus souvent à l’avenir (Informer ce que vous avez l’intention de faire dans le futur) ou dire: je ne sais pas si je peux vous promettre d’appeler autant que vous le souhaiteriez, mais sachez que je vous aime (rappeler aux gens l’importance qu’ils ont pour vous).

Situation 3

Votre patron, contrôle régulièrement l’avancée de votre travail et s’emporte facilement lorsqu’il le juge trop lent.
Il a tendance à vous rabaisser et vous abreuver de ses remarques ironiques devant un collègue. Ce comportement vous met sous tension permanente. Vous lui en avez déjà touché un mot, mais il continue. Un jour, il passe devant votre bureau en jetant un « et bien Monsieur, c’est pas le T.G.V. ce matin, attention, vous allez vous fatiguer! ».
Cette fois s’en est trop, vous lui dites votre façon de penser.

Message « tu »

  • Je vous interdis de me parler sur ce ton! (donner des ordres).
  • J’en ai plus que ma claque de vous, de vos sarcasmes et de votre sale caractère.
  • Ça vous amuse de me faire la leçon devant tout le monde (accuse, exagère).
  • Les vrais dirigeants, eux, font cas de leurs employés Mon..sieur ! (moraliser).
  • Mais votre mère ne vous a sans doute pas appris le respect! (jouer au psy).
  • Je vais vous dire moi: vous êtes un sale type Mon..sieur (insultes).

Message « je »

  • Je ne supporte pas votre comportement à mon égard.
  • J’ai vraiment l’impression que vous me prenez pour un enfant que vous croyez pouvoir ridiculiser à tout moment (exprimer vos sentiments de façon précise et ce qui vous blesse).
  • Je me considère comme étant un bon employé (dire comment vous voyez la situation), mais à votre contact je suis sous tension: vous me surveillez sans cesse (informer).
  • Je n’accepte pas de continuer à travailler de cette façon (information sur la façon d’envisager le futur).
  • J’attends de vous que vous me respectiez, et je désire vraiment en parler avec vous (invite à la discussion sans agressivité).

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